Le châtaignier aime le fer, il se fume à la hache

Victor Giannotta, Joseph Cambau

Artisanat et Photographie

19 . 04 au 24 . 06

24 œuvres :

14 œuvres de Victor Giannotta

9 œuvres de Joseph Cambau

1 œuvre de Gérard

L'exposition aux Ostals est une tentative de transposer un paysage métaphorique des Cévennes, paysages où Joseph et Victor se sont rencontrés dans un contexte de réparation. Tout là-bas est réparation, préparation, anticipation du temps qui est, du temps qui passe. Le châtaignier qu'on coupe, qu'on travaille, qu'on observe et qui nous chauffe, les outils qu'on affûte et casse, qu'on oublie aussi. Le soir, on allume le feu dehors et on fait de la place pour construire sur ce qui aurait pu rester en ruine, là on rigole et on sent qu'on est vraiment bien. 

Les photos de Joseph témoignent de lieux délaissés par leurs propriétaires en Cévennes. Elles nous disent qu'il y a de la place mais qu'il faut construire cette place, une place à vivre autant qu'une place à se faire dans le tissu social montagnard. Beaucoup de personnes préfèrent abandonner leurs maisons plutôt que de les vendre, ultime paradoxe où abandonner revient à garder pour soi. Les assises et objets sculptés en bois trouvé, abandonné ou gardé par les anciens viennent multiplier les points de vue. Il est permis de s'asseoir dans le paysage fabriqué par les mains de plusieurs générations, de contempler les choses qui tournent, qui pendent, parce qu'il y a de la place pour n'importe qui, même pour ne rien faire et juste faire partie de l'ensemble.

Victor Giannotta

Victor Giannotta invite avec émotion chaque branche à prendre place à sa table. Comme les individus d’une famille bavarde et complexe, les personnages qu’il sculpte deviennent bols, feuilles, sièges ou mobiles. Qu’importe leur fonction, ils se doivent d’être vivants et de rendre hommage à l’arbre qu’ils ont été.

Le bois devient tendre sous les outils de Victor. Influencé par un voyage au Japon, il s’applique à rendre sensible chacun de ses gestes et à porter une attention particulière à chaque objet. Les outils qu’il utilise sont archaïques, d’une fonction parfaitement maîtrisée qui s’accorde avec le geste : mesuré et précis. Tout son travail invite à prendre corps et à habiter poétiquement sa maison, son être et son monde.

écrit par Madeleine Froment de la lune